Un auteur avant-gardiste
Hirohiko Araki (荒木 飛呂彦 Araki Hirohiko), de son vrai nom Toshiyuki Araki (荒木 利之 Araki Toshiyuki), fait partie de cette poignée d'illuminés que chaque génération voit naître.
Né le 7 Juin 1960 à Sendaï (capitale de la préfecture de Miyagi) d'une famille modeste comptant deux soeurs jumelles, Araki passa une enfance ancrée dans la solitude.
A défaut de compagnons - de nakama comme dirait l'autre - il trouve compensation dans la lecture de mangas et plus particulièrement dans Kyojin no Hoshi, Ashita no Joe, Dragon Ball ou encore Ai to Makoto de l'illustre et endeuillé Ikki Kajiwara.
Parallèlement, il s'éprend du feuilletage d'artbooks, hobby auquel se consacrait son père en dehors de ses heures de bureau.
Il confiera d'ailleurs que cette fascination pour les illustrations fut un facteur important si ce n'est déterminant dans la voie qu'il emprunta.
La curiosité infantile d'Araki portera ses centres d'intérêt au-delà de l'archipel nippone, si bien qu'elle embrassera les peintures de Picasso et de Paul Gaughin.
Si ses premiers essais, réalisés pendant ses années de lycée, seront secrètement remis puis aussitôt rejetées par plusieurs maisons d'édition, ses avantages culturels seront sans l'ombre d'un doute ce qui feront et font encore aujourd'hui l'une de ses démarques vis à vis de ses camarades déjà passés à la phase de publication.
C'est à l'occasion d'une rencontre avec l'un des responsables éditorial de la prestigieuse maison Shueisha que le futur de l'auteur trouvera ébauche.
Malgré un flot de critiques déversé sur son travail, l'éditeur avait vu en Buso Poker un potentiel candidat pour le prix Tezuka.
Araki mettra aussitôt un terme à ses études pour finalement entamer sa carrière de mangaka en 1980 avec son one shot sélectionné par le 20ème concours Tezuka de la même année.
Les portes battantes des saloons franchies, Buso Poker plonge le lecteur dans des parties de poker entre cowboys sur fond d'alcools forts et filles de joies.
Après plusieurs publications parues dans le Weekly Shônen Jump, le magazine accueillera, en 1984, un nouveau venu sorti de l'imagination d'Araki : Baoh.
Baō Raihōsha dit "Baoh le Visiteur" signe les premier pas de l'auteur vers l'international puisque le manga sera, après parution de deux tankōbon (NDA : édition reliée au format de poche), traduit en anglais pour une pré-publication dans le mensuel américain Viz Media.
Sans doute ont-ils vu en Baoh un semblant de X-Men puisque le manga raconte l'histoire d'Ikuro Hashizawa, un adolescent kidnappé par le laboratoire Doress aux fins de le soumettre à un protocole destiné à le transformer en surhomme.
Après avoir rencontré une jeune fille aux pouvoirs psychiques et s'être évadé avec elle du laboratoire, la tête pensante du groupe Doress envoie à sa poursuite assassins et mutants afin d'éradiquer Ikuro et le virus qui coule désormais dans ses veines : le virus Baoh.
Toujours est-il que malgré une OAV réalisé par le réputé Studio Pierrot, son exportation au pays de l'oncle Sam n'a pas su incuber les américains, vraisemblablement immunisés contre le virus Baoh compte tenu du très faibles taux de vente enregistré.
En dépit de sa durée de vie éphémère, il est intéressant de constater que Baoh n'est pas prêt de se faire oublier ainsi que l'illustre le DLC de JoJo's Bizarre Adventure All Star Battle qui donne la possibilité d'incarner le héros, mais encore la scène du projet animé JoJo's Bizarre Adventure où Joseph Joestar est surpris en train de lire les aventures de son prédecesseur.
Sacré JoJo !
Mais l'histoire de Baoh, aussi intéressante soit-elle, en est une autre, celle de ce dossier commence avec l'arrivée de l'incontournable JoJo's Bizarre Adventure en 1987.
Bizarre ? vous avez dit bizarre ?
Le long manga fleuve prononcé "JoJo no Kimyō na Bōken" au Japon y est à l'heure actuelle déclinée en 8 parties dont une encore inédite en Occident.
Le premier arc de la série baptisé Phantom Blood, raconte l'histoire de deux lignées au destin noué sur plusieurs générations relatées dans les parties suivantes.
Jonathan Joestar (JoJo) est le fils d'un aristocrate anglais qui suite à un événement tragique, témoignera de sa gratitude envers son "sauveur" par l'adoption de son fils, Dio Brando, afin de le mettre à l'abris du besoin.
L'arrivée de Dio dans la demeure familiale des Joestar marque aussitôt le début d'un cauchemar pour Jojo qui ne demandait rien d'autres que de bien s'entendre avec son frère adoptif.
Impuissant devant les stratagèmes de ce nouvel hôte destiné qui n'ont d'autres buts que de le priver de son bien-être il laisse un jour éclater sa rage sur son bourreau de frère.
Au cours de cette bagarre fratricide, Jojo sera témoin de la réaction aux effluves de sang d'un mystérieux masque de pierre aztèque arborant la demeure des Joestar.
Les années s'écoulent et si de prime abord les deux frères semblent désormais s'entendre à merveille, la rancoeur et la méfiance n'ont cessé de germer dans leurs coeurs respectifs.
La réaction aux effluves de sang d'un masque de pierre occasionné par une bagarre entre les deux frères n'a cessé de hanter Jojo.
Un obscur masque de pierre aztèque réagissant au sang n'a cessé d'intriguer Jojo depuis le jour où celui-ci s'est battu contre son bourreau de frère.
Bien décidé à percer le mystère qui l'entoure, Jojo s'est orienté vers des études d'archéologie tandis que Dio nourrit secrètement l'ambition de mettre la main sur la fortune des Joestar.
Jojo parviendra à découvrir les desseins de Dio et c'est dans un pur hasard que ce dernier, au courant de la particularité qui entoure le masque de pierre, s'en attribuera les pouvoirs...
Un monstre est né et depuis ce jour fatidique, la lignée des Joestar s'en retrouvera maudite...
Cet arc introductif est bref, mais suffisamment impactant tant il rompt avec les standards du manga.
Les phylactères si particuliers, les accoutrements sortis de l'ordinaire, les Jojo's Poses anatomiquement improbables, tous ces éléments sont ce qui rend l'oeuvre aussi percutante.
L'auteur se démarque audacieusement des concurrents en prenant le risque de situer son histoire au coeur d'une Angleterre d'époque victorienne ou en dotant ses personnages de la nationalité britannique alors que la plupart des Shonen reposent sur une culture originale ou timidement restreinte au Japon.
De plus, il accorde une certaine importance à la personnalité de ses personnages à la faveur alliances improbables.
C'est ainsi que la naïveté chronique de Jojo et son attitude de gentleman emporteront l'amitié de Speedwagon, un voyou des bas-fond de la fictive Ogre Street.
Plus encore, Speedwagon se montrera emphatique face au cruel destin de Jojo et le suivra jusqu'au bout, séduit par la détermination au résultat de laquelle il parviendra notamment à la maitrise du Hamon (NDA : l'onde en français).
Enseignée par William Anthonio Zeppelli, le hamon est une énergie mystique qui occupera une place importante dans le manga.
La conclusion de l'arc est à l'image de ce contraste assumé avec les publications concurrentes : dramatique au possible.
Jonathan Joestar, en plus d'avoir vu sa vie s'effondrer ne sort pas tout à fait victorieux de son affrontement avec Dio au source des évènements relatés dans les parties suivantes.
Il faut l'admettre, Phantom Blood a dans l'ensemble plutôt mal vieilli.
L'influence du légendaire Tetsuo Hara (Hokuto no Ken) est une évidence, mais l'univers de JoJo's Bizarre Adventure se singularisait déjà par un degré de folie, d'extravagance qui deviendra la marque de fabrique de l'auteur.
Après la parution de 5 volumes, Phantom Blood laissera place aux aventures de la descendance de Jonathan Joestar.
Le deuxième arc, Battle Tendency, met en scène le descendant de Jonathan, Joseph Joestar, dans une Amérique encore intolérante à l'égard de la population afro-américaine.
Cinquante années se sont écoulées depuis l'issue tragique du duel ayant scellé à tout jamais le destin de la famille Joestar.
Joseph Joestar, un jeune gaillard dynamique et attaché à sa grand-mère a un talent inné quant à l'utilisation du hamon.
Alors qu'il tombe sur une connaissance ayant vendu son âme au diable, de l'autre côté de la frontière, la fondation Speedwagon découvre au fin fond de ruines aztèques un homme fossilisé dans un pilier qui semble avoir un lien avec le masque de pierre.
Avant même de pouvoir l'extraire de sa prison naturelle, le général Stroheim ayant eu vent de cette découverte réquisitionne les lieux, voyant en cette intrigante silhouette de pierre une arme qui pourrait servir efficacement les desseins de l'armée allemande.
Malheureusement, la mystérieuse entité n'apparait pas aussi docile qu'il l'avait imaginé et il n'aura d'autres choix que d'allier ses forces à celles de Jojo pour s'en défaire avant de faire face à trois de ses congénères d'une menace bien plus grande pour l'humanité...
Cette partie est axée sur les origines du masque de pierre et du hamon.
Battle Tendency fait la part belle à la civilisation aztèque et aux combats de gladiateurs en croupe de chevaux zombies tout en saluant au passage l'armée allemande engorgée à cette époque dans le nazisme.
Le côté horrifique caractérisant Phantom Blood est toujours présent mais n'occupe plus une place aussi importante.
Le héros irrécupérable de Battle Tendency marque l'introduction d'un humour rafraichissant qui perdurera tout le long de l'oeuvre.
Joseph Joestar a un tempérament à l'opposé même de son brave ancêtre : pour lui, tous les coups sont permis et comportements admis.
Sa couardise et ses ruses vont relancer l'intérêt des combats où ce n'est plus la loi du plus fort qui prime, mais bien celle du plus malin.
S'inscrivant dans la continuité de la première partie, on y retrouve tout naturellement des personnages familiers.
Le destin continue de faire des siennes en instiguant la rencontre mouvementée entre Joseph et Caesar Zeppelli, le descendant du mentor de feu Jonathan.
On se surprend à s'attacher à des personnages aux idéaux condamnables contrebalancés par des valeurs admirables.
C'est le cas de Rudol von Stroheim, un fanatique fier de servir l'armée allemande ou encore Wamuu, un combattant à la droiture rappelant celle d'un gladiateur.
La popularité de Joseph Joestar sera telle qu'elle lui vaudra une longévité lui assurant une place dans le casting des parties suivantes.
Battle Tendency prendra fin à l'issue du septième volume.
Stardust Crusaders marque un tournant tant dans le style de l'auteur que dans l'oeuvre elle-même.
Le hamon est troqué par un nouveau concept, celui du Stand qui ne cessera de se préciser jusqu'à JoJolion, huitième partie toujours en cours de pré-publication au Japon.
Concrètement, le stand est un pouvoir exprimé par une projection astrale se superposant à son hôte.
Chaque manieur de stand dispose ainsi d'une capacité qui dépend le plus souvent de sa personnalité.
Les stands sont soumis à un régime de règles bien ficelé, mais celle à retenir est que lorsqu'un coup est porté au stand, les dégâts se répercutent sur son hôte.
Le concept des stands a révolutionné le monde du manga et Hiroyuki Takei notamment n'hésitera pas à s'en inspirer pour les shinigamis de Shaman King.
L'histoire met en scène Jotaro Kujo, petit fils de Jonathan Joestar, dans un Japon se situant en 1989.
Alors que Dio était depuis des siècles enfermé dans un cercueil au fin fond de l'océan, de malheureux pirates espérant tomber sur un butin commirent l'irréparable en le réveillant de son sommeil, provoquant aussitôt l'éveil des stands des descendants Joestar.
Toutefois ce fardeau est trop lourd à supporter pour le corps de la frêle mère de Jotaro qui tombe grâvement malade quelques jours après.
Il ne lui reste plus que trois mois à vivre.
La situation est alarmante, Joseph Joestar, après avoir rendu visite à son petit-fils pour lui apprendre la malédiction qui pèse sur leur lignée, part avec celui-ci, Muhammed Abdul et Noriyaki Kakyoin à la poursuite de Dio dans l'espoir de mettre un terme au maléfice qui pèse sur sa famille.
Destination : le Caire.
A l'heure actuelle, Stardust Crusaders demeure la partie la plus adulée par le public.
Araki s'en donne à coeur joie et y voit l'opportunité de nous faire part de sa passion pour le voyage, le scénario étant propice à l'exploration de nombreuses terres étrangères et découverte de cultures associées.
Ses très pertinentes notes ponctuent chaque chapitre et donnent au lecteur la sensation de faire escale avec JoJo et son équipe.
La nouveauté des stands fait mouche et apporte une toute autre dimension aux affrontements quoique le potentiel du concept reste encore latent.
En fait, si l'arc Stardust Crusaders plait autant, c'est surtout parce qu'il met en scène des personnages au charismes inégalable et investis de forts caractères au nombre desquels : Jotaro Kujo, le plus classe et, n'en déplaise à Hishigata Josuke de Diamond is Unbreakable, le plus yankee des JoJo de la série; Jean-Pierre Polnareff - ♫ love me... please... looove me ♫ - un escrimeur et condensé de tous les clichés du frenchy de base; Kakyôin Noriaki, un type dans la loyauté n'a d'égal que sa force; Mohammed Abdul, un cartomancien et ami de longue date d'un Joseph Joestar; et enfin Iggy, un chien (?!) fan de chewing-gum au café à la paternité attribuable au célèbre confiseur japonais Lotte (NDA : ils sont pas mauvais).
Nombreux sont les antagonistes à servir de chair à canon, mais certains d'entre-eux ont fait une apparition très remarquée.
C'est le cas notamment de D'Arby le parieur, retenu pour illustrer le menu du jeu-vidéo qui naîtra un peu plus tard ou encore le glacial Dio Brando et son valet Vanilla Ice qui méritent tout deux de figurer au panthéon des méchants les plus zélés et stylés de l'histoire du manga japonais.
Ce qui sonne à la fois comme la force et le point faible contemporain du genre shonen est finalement ce qui lui a permis de conquérir le public le large à tel point que l'univers de la série est désormais ancré dans la culture populaire nippone comme vous ne tarderez pas à le découvrir dans la deuxième partie de ce dossier.
Conséquences à cela : Il est assez courant de rencontrer des chiens baptisés Iggy et ce, peu importe qu'il s'agisse ou non d'un Terrier de Boston, les récurrents "yare yare daze" (NDA : expression d'un soupir en japonais), "ora ora", "muda muda" (NDA : "c'est inutile" en français), ou encore "wryyyyyy" font partie intégrante du vocable de nombreux japonais, présentateurs d'émissions de TV locales inclus.
Le voyage de Jotaro et de ses compagnons s'achèvera sur un air des Beatles après la parution de 16 volumes.
Au Japon, Stardust Crusaders est connu sous l'appellation "Mirai e no Isan" signifiant "un héritage pour le futur".
La précision a son importance dès lors que Diamond is Unbreakable s'inscrit comme l'héritier, au sens propre comme figuré, de Stardust Crusaders.
1999, de retour au Japon, Jotaro Kujo arpente la petite ville de Morioh à la rencontre de Josuke Higashikata, un jeune bosozoku qui s'avère être l'enfant adultérin de Joseph Joestar et de ce fait l'un de ses successeurs légitimes.
Le motif de sa visite n'est pas des plus anodins.
Jotaro est venu mettre son "neveu" en garde contre l'ombre d'un manieur de stands qui plane sur la paisible banlieue de Morioh.
Ils constateront très vite qu'en réalité, de mystérieuses flèches sont à l'origine d'une prolifération de manieurs de stands parmi lesquels un serial-killer.
Avec l'aide de son mentor, Josuke et ses amis vont devoir mener l'enquête pour retrouver ces instruments du mal avant que Morioh ne court à sa perte...
Contrairement aux arcs précédents qui suivent une schématique se résumant à une succession de combats, Diamond is Unbreakable emprunte les canons d'un polar.
Le nouvel ennemi Kira Yoshikage s'écarte des antagonistes traditionnels dans la mesure où il ne demande qu'une chose : vivre en toute quiétude.
Toutefois, ses faits et gestes le trahiront inévitablement et en résultera un véritable jeu du chat et de la souris dans une ville à laquelle l'auteur parvient à insuffler une atmosphère délicieusement oppressante et un suspens constant.
La distribution des rôles est nette et ne rend le manga que plus cohérent : l'auteur affirme implicitement le statut de héros de Josuke par les rares interventions de son aïeul Jotaro.
On notera qu'Araki a indiqué au cours d'une interview que Josuke est son personnage préféré.
Le concept du stand est portée à maturité et permet d'assister à des combats diablement originaux justifiant plus que jamais le côté bizarre de la série.
Diamond is Unbreakable illustre également une évolution dans le style des dessins.
Les personnages sont à l'image de l'évolution des stands et séduisent immédiatement grâce à un subtil maniement de la part de l'auteur des différentes facettes de l'homme et sentiments qui l'animent.
On relèvera notamment la passion avec laquelle Yukako Yamagishi entreprend son amour. D'autres trouveront en Tonio Trussardi un cuisinier capable de tenir tête à Gordon Ramsay tant ses sauts d'humeur témoignent de son intolérance à l'égard de la critique.
Rohan Kishibe, un mangaka vivant reclus auquel l'auteur s'identifie est sans conteste le personnage qui a le plus marqué les esprits.
Par sa présence, il rend cette quatrième partie très personnelle voire autobiographique.
D'ailleurs Araki n'hésitera pas à lui consacrer trois one shots : Kishibe Rohan Meets Gucci, Rohan au Louvre disponible dans notre langue (encore heureux) et l'éponyme Roan Kishibe.
Diamond is Unbreakable sera compilé dans 17 volumes reliés.
Golden Wind aussi appelé "Vento Aureo" (NDA : rien à voir avec les biscuits) opère un revirement scénaristique inattendu en allant explorer la descendance de Dio.
2001, Neapolis, Italie.
A l'issu d'une investigation, Jotaro découvre que l'ennemi juré des Joestar a hérité d'un fils du nom de Giorno Giovanno (GioGio).
Koichi est dépêché sur place afin de s'assurer que l'intriguant garçon n'a pas développé un stand destiné à de funestes projets.
L'inquiétude fut de courte durée car contre toute attente, il s'avère que GioGio est un jeune homme candide ayant la main sur le coeur.
La gratitude d'un mafieux ont sauvé son âme et son expérience au sein de quartiers ravagés par les agissement de la pègre ont fait naître en lui un rêve : Devenir une gang-star.
Sa rencontre houleuse avec Blono Buccellati, chef d'une sous-section du gang de la Passionne, va lui permettre d'amorcer son objectif.
Tous deux nourrissent en effet l'ambition commune de renverser le boss de la Passionne dont la simple connaissance de l'identité n'est à la portée que de quelques hauts-gradés.
L'ascension dans la hiérarchie de la Passionne commence...
Araki abat ici la carte du paradoxe en nous invitant dans l'envers du décor italien : celui de la pègre.
Les principaux protagonistes ne sont pas des enfants de coeur : tous les moyens sont bons pour faire cracher le morceau à l'ennemi et aucune limite n'est aussi bonne pour exprimer son amitié.
Mais aussi invraisemblable que cela puisse paraître : ces mafiosos inspirent confiance, voire la sympathie.
Chacun d'entre-eux porte sa croix, ce qui fait naitre une certaine compassion à leur égard et légitime leur mode de vie tandis qu'au fil du récit, la carapace aux écailles de truandisme s'effrite.
Par comparaison à certains antagonistes, particulièrement au duo de psychopathes et sadiques de premier ordre Cioccolata et Secco, les héros de ce "vent dorée" apparaissent comme des anges.
Certaines mises en scènes symboliques laissent d'ailleurs sous-entendre cette aura angélique voir quasi-divine voulue par l'auteur.
Si on retrouve de nombreux ingrédients clés de la réussite des parties antérieures, une nouvelle approche artistique est envisagée.
La gastronomie, la haute-couture et le raffinement italiens sont au menu et le parti pris pour des personnages au look très androgyne qui peut ou ne pas convaincre.
Le concept du stand continue de plus belle sa mutation. Il sera même et en fin de compte, le coeur du thème de ce nouvel arc.
Après une traque menée à double sens dans toute l'Italie, les mystères résiduels entourant la flèche sont enfin levés.
Golden Wind s'achèvera au bout de 17 volumes.
Suite logique à un arc où la sensibilité de ses protagonistes est mise à jour, l'auteur se lance le défi de concocter une nouvelle partie baptisée Stone Ocean qui gravite essentiellement autour d'un casting féminin.
2011, Floride, USA.
La jeune, naïve et pétillante Jolyne Kujo, fille de Jotaro Kujo, est incarcérée dans le pénitencier d'Etat Green Dolphin Street, aussi appelé "Aquarium", pour un crime qu'elle n'a pas commis.
Après s'être entaillée la main avec le pendentif envoyé par un père qu'elle a toujours reniée, le pouvoir qui sommeillait en elle commence peu à peu à s'éveiller.
Toutefois, ce pouvoir n'est pas la seule chose dont elle a hérité car des apôtres de l'ennemi juré des Joestar sont également à sa recherche.
Jotaro lui rend visite dans l'espoir de la faire évader, malheureusement le piège se referme aussitôt.
Il se fait subtiliser son stand et son esprit par un héritier de la volonté de Dio.
Jolyne se tenant alors debout entre un océan symbolisant sa
liberté et le corps inanimé de son père va faire un choix : celui de retourner dans l'enfer de Green Dolphin Street afin de récupérer la vie de son père et affronter un destin auquel elle ne peux vraisemblablement pas échapper...
D'emblée, Stone Ocean surprend en ouvrant ce nouvel arc sur le thème de la masturbation en milieu carcéral.
L'histoire nous happe derrière les murs d'une prison pour nous faire découvrir la dure réalité de la taule au travers du regard ingénue d'une nouvelle héroïne à l'attitude de garçon manqué.
Le lecteur ne trouvera aucun mal à s'identifier à l'arrogante et séduisante Jolyne qui est à mon sens l'un des personnages les plus réussis de la série.
A ses côtés, sa partenaire de prison Hermès Costello, un mystérieux combattant du nom de Weather Report et l'assassin sentimentaliste Annasui.
Dans le genre improbable évoquons Emporio, son informateur haut comme trois pommes qui circule comme bon lui semble dans la prison ou encore Foo Fighters (abrégé F.F), un stand émouvant et autonome aspirant à une intelligence trascendant celle d'un plancton.
Stone Ocean tire son épingle du jeu par une mise en scène originale et des combats pourvus d'une ingéniosité dévorante.
Cet arc est le plus à même de démontrer le potentiel infini des stands à l'origine multiples et riches rebondissements.
L'auteur se sert astucieusement du concept du stand en dotant celui du principal antagoniste d'une capacité lui permettant de s'approprier les souvenirs et stands des autres.
Le potentiel de cette capacité est révélé par la possibilité de recycler des stands et celle de faire écho à des personnages issus de parties antérieures.
Mais Araki ne se contente pas de cette facilité facilité. Au contraire, il continue d'innover.
De nouveaux stands aux pouvoirs très intéressants font leur entrée et alimentent l'extravagance de la série en défiant les lois du temps et de l'espace.
Au programme : pluie de grenouilles toxiques, combats en apesanteur ou encore matérialisation de personnages animés et d'oeuvre artistiques dans le monde réel.
Au travers de cette dernière capacité, Araki fait les choses en grand et rend hommage à tous les acteurs de son univers en jouant habilement avec les copyrights de Disney, ou en invitant encore Kenshiro et Raoh se livrer bataille en plein Shinjuku.
Oui, les stands sont désormais très aboutis, voire trop aboutis...
En effet, les combats deviennent par moments beaucoup trop sophistiqués et plongent le lecteur dans une confusion des plus totales au préjudice d'un dénouement nauséeux laissant le lecteur totalement perplexe.
La fin fait hésiter le lecteur entre un un cliffhanger voulu par l'auteur et l'épuisement d'idées pour donner un terme à ce jeu de filiations entamé dès Phantom Blood.
La qualité des dessins atteint ici son paroxysme : Araki trouve définitivement son style.
Si la prise de maturité de Jolyne est aussi certaine qu'émouvante, la pilule risque de mal passer pour les admirateurs de Jotaro Kujo qui, à l'inverse, a considérablement rajeuni pour ressembler à une jeune fashion victim.
Qu'à cela ne tienne, Stone Ocean est à mon sens et d'une façon générale l'une des meilleures parties de JoJo.
Les aventures de Jolyne Kujo donneront lieu à 17 volumes.
Steel Ball Run présente la particularité de déroger à toute cohérence chronologique, le plus simple étant de postuler que Steel Ball Run est bel et bien lié aux parties précédentes quoiqu'à considérer comme une autre réalité, un reboot voulu par l'auteur.
Vous noterez au passage que si vous ré-ouvrez le volume 17 de Stone Ocean, vous verrez dans les dernières pages que le chara-design de "Anakiss" ressemble étrangement à celui de Jayro Zeppelli, coïncidence ?
Le 25 Septembre 1890, San Diego Beach.
Cette date marque le coup d'envoi de la plus grande course hippique jamais organisée à travers toute l'Amérique : la Steel Ball Run.
Les meilleurs cavaliers des quatre coins du globe accourent dans l'espoir de remporter les 50.000.000 $ décerné au vainqueur de la course.
Jayro Zeppelli, un manieur de boules d'acier pourvues d'une intrigante énergie y participe mais sa motivation ne semble pas être l'argent tout comme le but de cette course.
En effet, l'organisateur Stephen Steel n'est nul autre qu'une marionnette dans cette mise en scène orchestré par un homme en quête de macabres morceaux composant un cadavre.
Très vite, les rouages du destin amèneront un cavalier infirme du nom de Johnny Joestar sur le chemin sur Jayro.
Tous deux concourront constamment guettés par le danger dans la course de leur vie...
Peu importe l'époque ou l'endroit, l'alliance Joestar - Zeppelli continue de détonner.
Les compères Jayro et Johnny se sont très bien trouvés sur ce champ de courses, la relation de mentor à disciple semble inévitable tout comme l'alchimie entre ces deux énergumènes que l'on peine à cerner.
Jayro a des réactions surprenantes mais Johnny n'y est pas allergique, il le suit dans sa connerie entre deux morceaux de cadavres (la routine) gisants sur un champs de course où règne une douce odeur de conspiration de grande envergure.
En effet, le Président des Etats-Unis en personne tire les ficelles et use des pires stratagèmes dans l'unique but de mettre la main sur cette dépouille reliquaire et va jusqu'à s'offrir les services de Diego Brando dont le passé est au moins aussi dramatique et son âme aussi pourrie que celle de son homologue. Rendons à César ce qui appartient à César.
Si les stands sont bel et bien de la partie, seul Johnny du tandem ancestral en a le pouvoir tandis que Jayro utilise une forme plus développée du hamon consistant en la rotation de boules d'acier renfermant bien des mystères dévoilés au fil des mouvements centrifuges.
Malgré un chara-design particulièrement réussi, je ne suis pas fan du stand de Johnny qui projette ses ongles comme des balles de pistolet. Je lui préfère les boules de Jayro (argh) à l'origine de situations imprévues.
Ce septième arc révèle plus en profondeur le paysage américain qui nous était jusqu'alors dissimulé par les murs carcéraux de Stone Ocean.
Entre-temps les dessins de l'auteur sont parvenus à véhiculer un dynamisme sans précédent et ont atteint un niveau de finesse, un trait proche de la perfection sublimant la moindre page du manga.
Créer une histoire à part entière était un pari risqué, mais Araki n'a pas hésité à inventer une autre réalité en prenant soin d'y laisser de savoureuses et tout aussi nombreuses références aux parties antérieures.
Par conséquent, ne soyez pas surpris de relever parmi les participant un certain Fritz von Stroheim, le cavalier oriental du Pocoloco rappelant l'apothicaire Wang Chan, mais aussi Danny qui, vous serez ravis de l'apprendre, n'a pas connu le même sort cruel dans sa nouvelle enveloppe.
Steel Ball Run prendra fin au bout de 24 volumes.
JoJolion est la dernière partie, exclusive au Japon, de l'oeuvre d'Araki.
Pré-publié dans le magazine dédié aux seinen (NDA : manga pour adultes), l'Ultra Jump, JoJolion se situe dans la même ligne temporel que Steel Ball Run et se veux plus sérieux en abordant un évènement majeur : celui du séisme qui a frappé le Japon en 2011.
Retour à Morioh dans la préfecture de Momoji.
Alors que la ville était empreinte à un boom économique, un séisme dévastateur a frappé le 11 Mars la côte est du Japon laissant ainsi Morioh dans le chaos le plus total.
Depuis ce jour, la ville n'est plus la même et tandis que ses habitants enterrent leurs morts et allient leurs efforts pour la reconstruire, des glissements de terrain ont provoqués l'apparition d'étranges murs terrestres baptisés "mur aux yeux".
C'est au pied de l'un de ces murs que la jeune Yasuhiro Hirose fait la rencontre d'un inconnu enseveli sous un amas de terre.
Le garçon juste vêtu d'un chapeau de marin n'a plus le
moindre souvenir de qui il est réellement, en revanche il présente la particularité de posséder une morsure autour de sa marque de naissance en forme d'étoile ainsi que quatre testicules.
Après une gêne non-dissimulée, la jeune Yasuhiro commence à être intriguée par le jeune homme et va lui tendre la main une seconde fois dans l'espoir qu'il retrouve un passé et son identité.
L'individu qui apparait sous les traits de Higashikata Josuke nous est très vite présenté sous le nom de Yoshikage Kira, mais sa nouvelle partenaire a le sentiment qu'il ne s'agit pas là de sa réelle identité et décide donc de couper court à l'interrogation en l'appelant comme son chien : Josuke.
JoJolion est spécial à plus d'un titre et rétablit l'atmosphère si singulière de Diamond is Unbreakable.
L'arc a également le mérite de rétablir une certaine cohérence chronologique qui semblait faire défaut à Steel Ball Run, en axant sa trame sur l'exploration de la généalogie des familles Kira, Higashikata et Joestar.
L'importance du plus infime détail et des moindres tendances dénote le soin accordé par l'auteur à son oeuvre.
A titre d'exemple, le pouvoir d'attraction féminine des Joestar semble irriguer le sang de Josuke.
Les dessins sont impressionnants tant ils débordent de réalisme et vont parfois même jusqu'à procurer un sensation de malaise lors de certaines scènes gores.
Arpenter les collines du bourg de Morioh n'a jamais été aussi oppressant et sa ses habitants plus bizarres.
Pour l'heure, JoJolion compte 7 volumes reliés.
Et en France ça donne quoi ?
Il faut bien l'admettre et c'est aussi l'une des raisons de ce dossier, la série JoJo's Bizarre Adventure passa dans un premier temps complètement inaperçue.
Dans un premier temps, les quatre premières parties furent éditées par les éditions J'ai lu, maison phare qui s'accaparait alors bien des licences juteuses au sein du catalogue de la Shueisha.
Pendant ce temps là, le temple du shonen gratifiait nos amis japonais de la possibilité d'acquérir les coffrets intégrales des différentes parties.
Malheureusement, faute d'une promotion effective, seules des personnes qui surent apprécier JoJo à sa juste valeur furent interpellées par le manga.
Malgré 44 volumes publiés - vendus aujourd'hui à des tarifs consternants - le flop commercial fit vibrer le siège social des éditions J'ai lu qui décida d'arrêter brutalement la publication de l'oeuvre éponyme.
Aujourd'hui, les éditions Tonkam à qui l'on doit ce regain soudain d'intérêt pour la série a prit le risque mesuré de reprendre l'aventure là où J'ai lu l'avait arrêté, c'est à dire à partir de Golden Wind (Part 5).
Toutefois cette prise de risque incite la maison à imprimer a minima.
De ce fait, les stocks s'amenuisent très rapidement et entretiennent à plus forte raison le phénomène de spéculation.
Cette politique d'impression au compte-goutte associée à une chronologie loin d'être respectée n'en n'est que plus dommageable pour la série car si Phantom Blood (Part. 1) a récemment suivi la réédition de Stardust Crusaders (Part. 3), les néophytes de JoJo's Bizarre Adventure passeront à côté de certains détails, cameos ou simple clin d'oeil.
Attention, je ne dis pas que la série n'est pas appréciable en l'état, mais considère que JoJo's Bizarre Adventure est une oeuvre qui puise sa force dans son originalité laquelle qui se retrouve dans l'évolution et les différentes approches tant scénaristiques qu'artistiques de l'auteur.
D'après Tonkam, le point de convergence entre les 2 éditions françaises existantes aura lieu lors de la Japan Expo 2015.
L'événement accueillera en effet la ré-édition de Diamond is Unbrekable (Part 4).
Du côté du Japon, la série est depuis peu passée au stade supérieur, celui de l'édition Deluxe aussi appelée aizoban.
Cette dernière est conçue au format A5 et imprimée sur du papier de meilleure qualité.
Chaque volume bénéficie en outre d'une couverture remise au goût du jour, de certaines pages en couleurs et de notes d'auteur révélant d'avantage de détails au sujet de la conception des personnages entre autres.
Autre particularité : les fans de la série ont la possibilité d'y laisser leur "emprunte" au moyen d'un concours continu organisé sur le site officiel.
Celui-ci a vocation à sélectionner les meilleurs slogans pour les faire figurer sur les couvertures.
A l'instar de la première édition, les volumes de JoJonium sont disponibles à l'unité ou en coffrets.
Pour l'heure seules les 3 premiers arcs ont été ré-édités mais le succès étant au rendez-vous, il est très probable que toutes les parties bénéficient du même traitement.
Bravo pour cette première partie très intéressante et très bien écrite ! Vivement la suite !
J’ai justement acheté le tome 2 de Phantom Blood 😉
@GoldenGeek : Merci 🙂
Le plus intéressant reste à venir :mrgreen
Tu verras Battle Tendency est super aussi !
Du lourd ! 😯 Merci pour cet article extrêmement complet ! 8) Au passage, un bon petit blog d’otaku comme je les aime 😀 !Je ne savais pas qu’il avait fait autant de chose cet auteur…
@ SuzuKube : Merci beaucoup !
Certains m’ont traité de fous à la vue de cet article donc on va justifier le condensé en partant du principe que JoJo rime avec folie !
J’espère que tu apprécieras tout autant les deux parties suivantes (j’attends que tout le monde ait bien eu le temps de lire et de digérer celle-ci !)
Waouh, j’ai enfin eu le temps de tout lire
Merci pour ce dossier ultra touffu 😛
Décidément !
Il est si vertigineux que ça ?!
J’espère que ça t’as permit d’éclaircir ton point de vue sur la série ^^
Bah c’est surtout que je suis un peu sous l’eau depuis la rentrée En tout cas ce dossier va m’être très utile pour compléter ma collection… dans le bon ordre ❗ J’ai déjà commandé les Phantom Blood dispos.
Huhu moi c’est Lundi, ça va piquer !
Idéalement, acheter les parties déjà sorties et prendre ton mal en patience le temps que Diamond is Unbreakable arrive (irréaliste ? je sais )
Excellent dossier tres complet comme j’en suis a la partie Stone ocean j’ai essayé de pas trop me spoil. J’attend sla 2e partie avec impatience 🙂
Salut !
Je précise que j’ai pris le soin d’effacer le contenu de toutes les bulles donc sur ce point là tu peux y’aller c’est garanti spoiler-free
Pour le reste, les synopsis sont faits maison, le but étant de faire découvrir la série et de combler les lecteurs de la première heure j’ai essayé de rester autant que possible sur la forme plutôt que le fond.
ha merci pour l »info je suis bon pour une 2e lecture alors 😀
Et une troisième en fait (jeux-vidéo, merchandising, etc…) 😛
ça tombe bien je viens de finir les Slam Dunk, je me remet aux JoJo 😀
Slam Dunk <3
Après mûre réflexion, je suis plutôt content qu’Inoue n’ait pas donné suite à la série, le mythe est conservé !
En attendant l’édition deluxe japonaise…
Absolument d’accord avec toi, l’intensité de ce manga n’a vraiment rien perdu après toutes ces années et je me surprend encore a avoir des frissons sur le match Shohoku Sannoh <3